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emiliencollon

Le cinéma, une passion en suspens

Dans leur vie, tout tourne autour du cinéma. Richard Sidi est délégué général de la maison du film, une association cinématographique. À 36 ans, Joël Budon est passionné par le 7e art. Privés depuis plusieurs mois de cinéma, les passionnés éprouvent une certaine frustration. Interview croisée.



À quelle fréquence allez-vous au cinéma ?

Richard Sidi : Avant la crise, j’y allais quasiment toutes les semaines parfois même plusieurs fois par semaine. C’était vraiment une activité inscrite dans mon quotidien. Heureusement, c’est le domaine dans lequel je travaille donc j’ai toujours gardé un lien avec.


Joël Budon : J’y vais une dizaine de fois par mois, environ. Le cinéma, c’est une passion pour moi depuis plus de dix ans déjà. C’est vrai que ça représente un budget assez conséquent mais c’est la seule activité qui me passionne réellement.


Trouvez-vous la fermeture des cinémas justifiée?

R.S. : Actuellement, il y a quand même des études qui montrent qu’on pourrait très bien gérer l’accès du public aux salles avec des mesures sanitaires. Dans le secteur du tournag, les équipes ont montré qu’on pouvait très bien tourner des films dans le respect des règles sanitaires sans qu’il y ait des cas de Covid ou très peu. Le secteur cinématographique est un secteur où les gens peuvent mettre en place des mesures contrôlant toute propagation d’un virus.


J.B. : Moi, je ne trouve pas leurs fermetures justifiées. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi peut-on rester plusieurs heures enfermé dans un train ou un avion, où, là, les gestes barrières sont très peu respectés et ne pas rester 1h30 dans une salle de cinéma où la distanciation sociale peut très bien être mises en place et être respectée.


Que pensez-vous des mesures du gouvernement à propos des lieux culturels ?

R.S. : Je ne les comprends pas très bien. Je comprends les craintes que peut avoir le gouvernement, ce n’est pas évident de prendre des décisions actuellement. Mais j’ai regardé un reportage sur la Belgique, il y avait des musées qui étaient ouverts, peu de personnes y rentraient mais ça se passait très bien. Je ne suis pas dans la politique donc je n’ai pas toutes les données en main pour pouvoir estimer les choses mais je pense que c’est possible.


J.B. : C’est incompréhensible ! En quoi la réouverture de ces lieux culturels faciliterait davantage la propagation du virus comparé aux magasins de vêtements ? Il y a plus de brassages dans les cabines d’essayage qu’en étant assis le temps d’une séance.


Que pensez-vous de l’impact des plateformes de streaming sur le cinéma français ?

R.S. : J’espère que ces plateformes vont permettre la création et auront les mêmes obligations que le reste du secteur. On ne doit pas s’enfermer dans du formatage contre ces plateformes. Mais il ne faut surtout pas que l’on se retrouve face à des robinets à image.


J.B. : J’espère surtout que les plateformes de streaming ne vont pas monopoliser tout le secteur du cinéma. C’est vrai que c’est plus pratique et moins cher mais je trouve que cela enlève du charme aux œuvres. J’ai surtout peur que certaines salles de cinéma n’y résistent pas.


La crise du Covid peut-elle « tuer » le cinéma français ?

R.S. : Je ne pense pas, c’est un sacré obstacle auquel nous sommes confrontés. Mais il y a une telle diversité de talents dans le cinéma français, ça représente tellement d’enjeux au niveau économique que ce serait une grossière erreur de le laisser mourir. Pour raconter des histoires au cinéma, il faut se confronter à des difficultés, des remises en question profondes. Cette période nous pousse à nous remettre en cause et on pourra sortir de très grandes choses à la fin de cette crise. C’est le côté positif de toute cette crise et de toute cette douleur.


J.B. : Ce n’est pas possible, il faudrait que cette crise s’éternise sur plusieurs années pour le tuer et l’enterrer. Le secteur a encore beaucoup de ressources à utiliser et je ne pense pas que le Covid puisse les épuiser complètement. Je fais confiance au cinéma français pour rebondir comme il le faut une fois qu’on en aura fini avec cette histoire de virus.

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