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Espagne, paradis de la fête européenne

La polémique fait rage. Face à l’afflux de touristes allemands et français, un sentiment d’injustice grandit chez les Espagnols alors même que ceux-ci n’ont pas le droit de circuler d’une région à l’autre dans leur propre pays.


Alberto Frías (Pixabay)


Elles passent en boucle. Les images d’étrangers saouls participant à des fêtes clandestines alimentent un débat de plus en plus animé sur les incohérences des mesures sanitaires prises par les autorités pour freiner l’épidémie de Covid-19.


Les voyageurs européens, confrontés à des mesures strictes dans leur pays, peuvent aller dans des destinations populaires comme Majorque ou Benidorm, alors que les résidents de Madrid ou Cadix, eux, ne le peuvent pas. Une seule condition : présenter un test PCR négatif de moins de 72 heures à l’arrivée.


Cette situation inquiète l’épidémiologiste Ildefonso Hernández : « Cette sensation de deux poids deux mesures est pernicieuse, elle décrédibilise la portée des mesures imposées à la population par le gouvernement et risque de conduire à la désobéissance ». Récemment, les autorités sanitaires espagnoles ont signalé une légère hausse du taux d’incidence dans le pays, qui s’élève à 134 cas de COVID-19 pour 100 000 personnes.


« Les restrictions semblent ridicules et inutiles »


Une raison simple explique cette contradiction. Auparavant aux mains du pouvoir central, l’exécutif de Pedro Sánchez a délégué, en mars 2020, le contrôle de la gestion de la pandémie aux régions. Autorisant ces dernières à fermer leurs frontières pendant un certain temps, empêchant ainsi les déplacements entre elles.


Cependant, les régions autonomes n’ont pas le pouvoir de refuser l’entrée à un visiteur européen. Seul le gouvernement espagnol peut décider d’une fermeture des frontières, une situation de dernier recours qui ne s’est pas produite depuis juin 2019.


Une décision qu’une partie des Espagnols ne comprend pas : « Les restrictions semblent ridicules et inutiles. Elles devraient être les mêmes partout et pour tous, affirme Pablo, madrilène de 35 ans. Il faut autoriser les déplacements, tant que vous pouvez prouver que vous êtes négatif. Soit par la vaccination, soit par des tests, soit par une immunité prouvée. »


Un soulagement pour les professionnels du secteur


L’arrivée des premiers avions de vacanciers à Palma a rassuré le secteur du tourisme. Au détriment des Espagnols qui, eux, n’ont pas le droit de s’envoler vers les Baléares ou les Canaries.


« Il y a mille restrictions sur les heures d'ouverture, les capacités… Mais le pays s'ouvre quand même pour des raisons économiques et ensuite le gouvernement prétend qu'il est très inquiet de la situation ? », s’étonne Maria, 19 ans. « Si des étudiants ne peuvent même pas rentrer chez eux pour les vacances de Pâques car ils ont dû se rendre dans une autre partie du pays, je ne pense pas non plus que les gens puissent venir ici pour le tourisme », poursuit l’étudiante en droit.


Cette polémique a cependant un effet "miroir déformant". En janvier 2021, 117.000 Français se sont rendus en Espagne, selon l'Institut National des Statistiques. Ils étaient le double l’an dernier. Mais parce que ce sont eux qui incarnent cette inégalité de traitement, ils ont aujourd'hui l’impression de jouer les boucs émissaires.



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