top of page
emiliencollon

Prison ferme pour des voleurs de canettes

Jugés pour vol aggravé et refus de prélèvement d’empreinte digitale, deux jeunes hommes ont été condamnés à 6 et 4 mois de prison ferme. Une affaire jugée en comparution immédiate à la 23e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris le mardi 2 mars 2021.


Émilien Collon 2021


Le débat s’ouvre sur l’identité des prévenus. Les deux prévenus sont libyens et puisqu’ils ne parlent pas français, ils sont accompagnés d’un interprète. Les hommes prétendent être mineurs. En réalité, les prévenus sont déjà connus de la justice sous plusieurs identités : Abdeladid Karim, Azieram Akram ou encore Ben Aram Akram.


La présidente Sabine Raczy rappelle qu’ « il ne sert à rien de mentir sur son nom et son âge ». M. T revendique être né en 2004, pourtant il a déjà fait face à huit condamnations en 2015 à Brest. Malgré les nombreuses perches tendues par la juge, celui-ci maintient toujours être mineur. M. S., lui, se ravise, après avoir affirmé être né en 2005, il avoue être né en 2000. Les deux prévenus sont agités, la présidente leur demande à plusieurs reprises de se taire et de ne pas parler en même temps. Finalement, le tribunal se déclare compétent pour juger cette affaire.


« J’avais froid, faim, pas d’argent »


C’est à 1h25, jeudi 21 janvier 2021, que M. T. et M. S. sont arrêtés après avoir volé le Royal Food, boulevard Clichy. À leur sortie du restaurant, ils sont interpellés par la police. M. T possède des pièces de monnaie dans ses poches tandis que M. S présente des signes d’ivresse.


En arrivant sur les lieux, le gérant du restaurant constatera que le rideau de son établissement a été forcé, les caméras de surveillance cassées et des canettes de bière ont été volées. Il découvre également au sol une bague. Les enquêteurs trouveront plus tard, dans son téléphone, une photo de M. T. portant une bague identique.


« J’avais froid, faim, pas d’argent, j’ai ouvert le frigo et j’ai mangé de la viande. J’étais sous l’emprise de médicaments », affirme M. T, cette fois-ci en français. S’il reconnaît avoir volé, il nie avoir détérioré les caméras de surveillance : « Je vous jure, je n’ai rien cassé ». M. S a la même version : « Oui je reconnais être rentré mais on n’a rien cassé ». Au même moment, la présidente décide de séparer les coprévenus puisqu’ils communiquent trop entre eux.


Le procureur s’interroge : « Je comprends que vous aviez faim mais pourquoi avoir volé des boissons alcoolisées dans ce cas-là ? » M. T se contredit, il affirme désormais ne pas avoir bu d’alcool à ce moment-là. Le magistrat n’est pas convaincu.


Une identité qui révèle de nombreuses infractions


La juge aborde désormais leur refus de donner leurs empreintes digitales. M. S avoue avoir eu peur de les donner pour ne pas « salir » son dossier puisqu’il n’est en France que depuis 5 ans. Le second assure que s’il n’a pas donné ses empreintes, c’est parce qu’il n’avait pas compris. En revenant sur le passé des prévenus, la juge explique que M. T a déjà été condamné de nombreuses fois sous plusieurs identités entre 2015 et 2017 pour vols, recels de vols, ports d’armes ou encore usage de stupéfiants. De plus, nous découvrons que celui-ci est interdit de territoire français depuis 2019. M. S a été contrôlé sous une autre identité en septembre 2020 mais selon lui, ce sont « les policiers qui se sont trompés de nom. » La juge n’y croit pas une seule seconde.


C’est au tour du procureur de prendre la parole : « Je ne vais pas énumérer tous les mensonges énoncés pour ne pas faire perdre de temps au tribunal ». Il évoque un problème d’ordre public important et une confiance sociale brisée. Il requit 8 mois d’emprisonnement à l’encontre de M. T et 4 mois d’emprisonnement pour M. S.


Pour leur défense, leur avocat indique que « l’infraction n’est pas caractérisée. Il y a eu un vol oui mais personne ne les a vu entrer par effraction ». Il demande aux juges de prendre en compte leur âge en faisant preuve de clémence. « Je suis malade, il faut que vous me donniez une chance, j’en aurais vraiment besoin », conclut M. T.


Après une brève suspension d’audience, la juge Raczy annonce le jugement. M. T est condamné à 6 mois de prison ferme tandis que M. S est, lui, condamné à 4 mois de prison ferme.

4 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page